Une loi injuste un siècle plus tard : la Banque BEMO et l’Ambassade de Belgique organisent une conférence sur le droit des mères libanaises à transmettre leur nationalité

12:03PM

 À l’occasion du centenaire de la loi sur la nationalité libanaise de 1925, encore en vigueur malgré les inégalités qu’elle perpétue, la Banque BEMO, en partenariat avec l’Ambassade de Belgique au Liban, a organisé une conférence nationale intitulée « Ses enfant sont les enfants du Liban » à l’École Supérieure des Affaires (ESA).

Cette rencontre visait à ouvrir un espace de dialogue autour d’un texte législatif centenaire qui continue de priver les mères libanaises du droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants, portant ainsi atteinte à leurs droits fondamentaux et à ceux de leurs familles.

La conférence s’est déroulée en présence de l’Ambassadeur de Belgique au Liban, Son Excellence M. Arnout Pauwels, du Président-Directeur Général de la Banque BEMO, le Dr Riad Obegi, de la Ministre du Tourisme, Son Excellence Mme Laura Khazen Lahoud, des députés Paula Yacoubian, Imad Al-Hout et Waddah Sadek, ainsi que des anciens ministres Nassif Hitti et Ziad Makari. Étaient également présentes Mme Jihane Asmar représentant le député et président du parti Kataeb M. Sami Gemayel, Mmes Madonna Salameh Ayanian et Lina Comaty Abou Adal représentant la Commission nationale pour la femme libanaise, Mme Christine Azoury représentant le président du barreau de Beyrouth M. Imad Martinos. Étaient aussi présentes des représentantes de UN Women, de l’UNESCO, ainsi qu’un grand nombre d’associations féminines et sociales et des personnalités diplomatiques, juridiques, culturelles et éducatives.

Principales interventions

Dans son allocution, le Dr Riad Obegi a affirmé que « la responsabilité des institutions dépasse la sphère économique pour toucher les préoccupations profondes de la société », rappelant que la loi actuelle « n’est pas seulement un vestige de 1925, mais une source de souffrance pour des milliers de familles ». Il a souligné que « priver la femme libanaise du droit de transmettre sa nationalité constitue un exil silencieux et une discrimination qui porte atteinte à sa dignité », avant d’insister sur le rôle déterminant de la participation féminine dans les instances de décision et sur le fait que « la nationalité est au cœur de l’égalité entre les sexes ». Maintenir la loi actuelle « prive le Liban de la moitié de ses forces vives et ne repose sur aucune justification économique ou même humaine », a-t-il ajouté.

L’Ambassadeur de Belgique, M. Arnout Pauwels, a rappelé que « le droit d’une mère de transmettre sa nationalité est un droit fondamental, directement lié à la dignité humaine », notant que « l’article 9 de la CEDAW est parfaitement explicite à ce sujet ». Il a souligné que « la réforme se construit sur l’incitation et le dialogue, non sur les sanctions », et que si « le conditionnement de l’aide internationale à des clauses liées à la nationalité ne correspond pas à l’orientation générale », il démontre néanmoins « l’importance de poursuivre la discussion ».

Mme Karima Chabbo, directrice de la campagne « Ma nationalité, un droit pour moi et ma famille », a déclaré que « le droit de transmettre la nationalité n’est pas seulement une question juridique, mais une revendication liée aux droits humains, intrinsèquement associée à la notion même de citoyenneté et d’égalité entre tous les Libanais ». Elle a souligné que « cette réalité viole les droits de milliers de femmes et d’enfants qui subissent quotidiennement les conséquences de la discrimination légale en vigueur ». Elle a affirmé que « la violation du droit d’une seule femme suffit pour faire de la réforme de cette loi un devoir législatif, réformateur et national urgent», ajoutant que « lorsque les jeunes sont contraints de quitter le Liban pour chercher leur droit au travail, ce n’est pas une perte individuelle, mais une perte pour la nation entière, qui se prive de ses propres forces vives ». Elle a insisté sur le fait que « le sentiment persistant des enfants de Libanaises de ne pas être reconnus dans leur propre pays nous confronte à une discrimination flagrante qu’il faut abolir immédiatement, afin de réaliser la justice et une citoyenneté égalitaire ».

De son côté, Mme Brigitte Chelebian, fondatrice et directrice de l’association Justice Sans Frontières, a dénoncé « l’incompatibilité flagrante entre la loi libanaise et les conventions internationales », jugeant que « la réforme est un impératif juridique et moral ». L’égalité, a-t-elle ajouté, « n’est pas une notion théorique, mais un droit qui se pratique devant la loi et par la loi ». Elle a souligné que « l’accumulation des recours judiciaires, même lorsqu’ils n’aboutissent pas tous, oblige le système à reconnaître le problème et à se diriger vers le changement ».

Animant le débat, Mme Joelle Abou Farhat, fondatrice et présidente de l’ONG Fifty-Fifty, a insisté sur le fait que « priver la femme de son droit de transmettre sa nationalité est le cœur du problème », appelant à « un débat courageux et sincère pour comprendre les obstacles à la réforme et dégager une solution équitable garantissant l’égalité sans exception ». Elle a rappelé que « cette question est profondément humaine » et que « l’État comme la société doivent assumer leurs responsabilités afin qu’aucun enfant ne reste apatride dans son propre pays ».

Film documentaire et témoignages

La conférence, présentée par Mme Claudine Feghali, directrice exécutive à la Banque BEMO, a été marquée par la projection d’un film documentaire court de dix minutes réalisé par Carole Mansour, rassemblant des témoignages poignants de femmes libanaises mariées à des non-Libanais et de leurs enfants, décrivant un quotidien qu’ils qualifient unanimement d’injustice sociale et juridique grave.

Les échanges qui ont suivi ont mis en lumière l’impact social et juridique du cadre légal actuel, ainsi que des récits personnels illustrant les conséquences directes de cette discrimination sur l’avenir des familles.

Des pistes de réforme ont été avancées pour restaurer les droits des mères et de leurs enfants dans une perspective de citoyenneté équitable.

L’événement a également été marqué par des témoignages en direct, présentés par des membres des familles concernées, qui ont exprimé la souffrance quotidienne résumant l’impact du refus de la nationalité sur l’éducation, le travail et le sentiment d’appartenance. Myriam Hneineh Maitala, Nathalie Dubot, Nour Fatayerji et Rodaina Al Najm ont chacune pris la parole, affirmant à l’unisson que « la demande de nationalité n’est pas une requête de privilège, mais la revendication d’un droit naturel qui garantit à nos enfants leur place légitime dans leur patrie ». Ces témoignages ont mis en lumière la profonde dimension humaine de cette question, confirmant que la réforme n’est plus une revendication individuelle, mais une nécessité nationale.

Un engagement renouvelé

Cet événement illustre l’engagement constant de la Banque BEMO en faveur de la justice sociale et des droits humains, et sa volonté de contribuer à une prise de conscience nationale autour d’une loi centenaire qui continue de priver les mères libanaises d’un droit élémentaire. La Banque réaffirme ainsi son soutien aux initiatives visant à bâtir une société plus juste, plus consciente et plus inclusive, plaçant les droits humains au cœur de sa vision pour l’avenir.


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